Lettre ouverte :
la réforme de l'entrée en études de santé

“Le système est absurde et il nous faut le regarder en face” déclarait Emmanuel Macron le 18 septembre 2018 au sujet de la PACES, première année commune aux études de santé. Il pose ainsi, lors de son discours sur la transformation du système de santé, les bases de la réforme de l’entrée dans les études de santé, pour mettre fin à un modèle unique, trop coercitif et inhumain.

Après une, voire souvent deux années de PACES éreintantes, plus de 25 000 étudiants se retrouvaient chaque année en situation d’échec, forcés de se réorienter sans réelle réflexion ou cohérence avec un quelconque projet professionnel.

Les ambitions de la réforme étaient donc grandes : suppression du numerus clausus pour permettre une adaptation du nombre de professionnels de santé aux besoins des territoires, diversification des profils et des voies d’entrée pour une multiplicité et une complémentarité des compétences, refonte de la docimologie et de la pédagogie pour mettre fin au tout QCM, prise en compte des compétences réflexives et relationnelles, accompagnement et aide à l’orientation de tous les étudiants, … De nombreuses innovations étaient nécessaires pour mettre fin aux modalités d’examens obsolètes, aux échecs à répétition, au stress, et finalement au “gâchis humain”.

Mais voilà, deux ans après l’annonce du Président et de son gouvernement d’une réforme ambitieuse et trois mois après son application officielle, les promesses n’ont pas été tenues. Si, une : la multiplication des parcours d’études, mais au prix d’inégalités toujours plus marquées.

Le manque criant de communication de la part des facultés, exacerbé par la crise sanitaire, ne fait qu’aggraver l’anxiété des étudiants. Les témoignages alarmants n’ont jamais été aussi nombreux et inquiétants : les étudiants sont désespérés et vivent dans une incertitude constante. Leur santé mentale ne doit plus être négligée dans les prises de décisions les concernant. Ils désirent devenir les professionnels de santé de demain : ne les brisons pas dès leur première année. Qu’attendons-nous pour prendre en main cette réforme et assurer des jours meilleurs à ces étudiants ? Combien de drames faudra-t-il pour réagir ?

Nous, étudiants en maïeutique, médecine, odontologie, pharmacie et masso-kinésithérapie, avons alerté depuis des mois sur une application inégale de la réforme dans l’ensemble du territoire. Sans résultat. Ensemble, forts de ces constats, nous avons rédigé un rapport contenant nos revendications, qui sera remis au gouvernement. Nous ne cesserons d’exiger des investissements massifs, financiers et humains, dignes des enjeux soulevés par la formation de ceux qui seront les soignants de demain, les garants de notre système de santé.

Pour éviter que cette réforme ne brise des milliers de rêves et de vies, chacun doit prendre ses responsabilités ! Finalement, Monsieur Macron, le “système est [toujours] absurde, et il nous faut le regarder en face”. Pour nous, pour vous, pour tous.

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