Les études reconnues au grade master

Le 17 mai 2021, le ministre de la santé et des solidarités Olivier Véran a officiellement annoncé l’obtention du grade master pour la filière de masso-kinésithérapie. C’est une véritable victoire pour la FNEK mais surtout pour l’ensemble des étudiants et étudiantes en kinésithérapie.

Cette reconnaissance était un combat de longue date. En effet, dès 2005 la FNEK posait une motion qui allait dans ce sens : ce fut notre première évocation de ce grade master. Au fil des années, les motions se sont succédées afin de se rapprocher toujours plus de cet objectif. 

En 2020, la FNEK proposait même une contribution pour exprimer notre besoin de reconnaissance du Diplôme d’État de masseur-kinésithérapeute au Grade universitaire de Master. 

Est-ce que c’est un M1, ou un M2 ou un Master en kinésithérapie ? 

Le master 1, le master 2 ou bien le master en masso-kinésithérapie sont des diplômes universitaires. Actuellement, la formation initiale ne sanctionne pas d’un diplôme universitaire mais d’un diplôme d’État (souvent abrégé DE). Le grade master est une reconnaissance de nos 5 années d’études et nos 300 ECTS, qui donne à notre diplôme d’État de masso-kinésithérapie une équivalence avec un diplôme universitaire de master 2. 

 

Quel impact sur les études ?

La formation initiale en masso-kinésithérapie ne va pas changer, la structure de la formation va rester identique. Il n’y aura donc pas de création d’une licence en masso-kinésithérapie ou bien d’un master en masso-kinésithérapie. La formation va garder la même forme, et aucun examen supplémentaire ne sera mis en place. Il s’agit là seulement d’une reconnaissance. Ce qui va changer, en revanche, c’est le nom des promotions : on va pouvoir passer de la nomenclature K1-K4 à la nomenclature K2-K5 ou même L2-M2.

 

Les autres masters seront-ils plus accessibles ?

Avant cette reconnaissance, de nombreux étudiant·e·s (en formation initiale ou en post-diplomation) pouvaient accéder à des masters facilement à l’université. Ceci est possible soit en commençant le master au niveau master 2 soit en recommençant le niveau master 1 si l’université le demande pour la formation en question. Aujourd’hui, il sera beaucoup plus facile de continuer en master 2 sans avoir à repasser un master 1. Cette avancée est permise grâce à la reconnaissance du grade master pour notre formation.

La poursuite en doctorat va également être facilitée puisqu’elle fait suite au master dans le modèle universitaire (licence-master-doctorat). Les étudiant·e·s en masso-kinésithérapie vont pouvoir s’inscrire en école doctorale pour poursuivre leurs études et effectuer une thèse. Ces étudiant·e·s doivent choisir un domaine dans lequel faire de la recherche. Il n’existe pou le moment pas de doctorat en masso-kinésithérapie mais il en existe dans des domaines qui peuvent se rapprochent de la pratique de la masso-kinésithérapie, par exemple pour les sciences et techniques de l’activité physique et sportive (STAPS) ou bien pour les neurosciences.

 

Est-ce utile de quand même faire un master ?

Faire un master, c’est se spécialiser dans un domaine différent de la masso-kinésithérapie (comme les STAPS, la santé publique, etc.). Ce master peut être effectué en parallèle grâce à un double cursus ou bien à la fin des études, notamment en refaisant un master 2 pour approfondir la thématique choisie avant d’entrer en école doctorale. C’est un argument supplémentaire pour l’entrée en école doctorale qui permet de démontrer sa motivation dans le choix du domaine concerné.

Pourquoi cette avancée ne s’applique pas aux promotions diplômées en 2019 ou en 2020 ?

La réingénierie de la formation a eu lieu grâce à la réforme de 2015 avec un passage en 5 années (1 année universitaire de sélection + 4 années en institut de formation en masso-kinésithérapie). Pour que cette réingénierie puisse avoir lieu, il y a eu une suppression des concours externes (permettant l’entrée dans la formation sans passer par la première année universitaire) et une demande de convention entre les instituts et l’université. Lors des deux premières années (2015-2016 et 2016-2017) certains instituts ont continué d’accepter des étudiant·e·s passé·e·s par les concours PCB (Physique – Chimie – Biologie) comme voix d’entrée. Cela entraîne une inégalité dans les formations et dans le rapprochement avec l’université sur le territoire français. D’un point de vue juridique, il est impossible de donner un grade master à tous les étudiant·e·s puisque certains n’ont pas eu 300 ECTS (car étant passés par concours externe). De plus, certains instituts n’étaient alors pas conventionnés avec les universités ce qui a rendu difficile l’obtention du grade master pour ces promotions. Une telle hétérogénéité sur le territoire rend donc impossible l’obtention du grade master pour la totalité des étudiant·e·s des promotions 2019 et 2020.

 

Que faire dans ce cas-là ?

Pour les étudiant·e·s diplômé·e·s de 2019 ou 2020 qui souhaitent poursuivre leurs études et faire de la recherche, il est toujours possible de demander à intégrer une école doctorale en précisant que les 300 ECTS ont été acquis (60+240 ECTS). Les universités ont la possibilité de valider l’expérience professionnelle et l’expérience de la formation, afin de décerner à l’étudiant un diplôme universitaire de master équivalent pour pouvoir donner accès à l’école doctorale.

Les équivalences par passerelles ne seront pas impactées par cette avancée. Il est important de considérer que les étudiant·e·s passerelles ont une vie universitaire passée. Cela signifie qu’ils ont au minimum obtenu une licence (pour les personnes venant des domaines de STAPS ou Sciences Technologie Santé) et au minimum un master pour les autres domaines. Cela signifie qu’ils n’ont pas besoin de valider davantage d’ECTS au cours de leur cursus et qu’ils peuvent toujours obtenir le grade master.

La demande de l’équivalence se fait dans le but de travailler en France. Il s’agit du côté professionnel du diplôme et non du côté enseignement supérieur. Depuis de nombreuses années maintenant, le processus de Bologne permet une harmonisation de l’enseignement supérieur en Europe notamment grâce aux ECTS. Ainsi, les étudiant·e·s validant 4 années (240 ECTS) pour obtenir leur diplôme en Europe n’auront pas le grade de master mais pourront tout de même exercer en France grâce à l’équivalence. Pour la poursuite d’études, il faudra repasser par un master avant de continuer vers un doctorat.

Grâce à cette reconnaissance universitaire, la mobilité internationale va être facilitée. Au niveau européen, cela va permettre une reconnaissance de la formation par les 300 ECTS qui sont communs dans l’espace européen d’enseignement supérieur (EEES).

Hors de l’espace européen, des équivalences seront toujours nécessaires notamment pour s’assurer de la maîtrise de la langue mais également concernant le contenu de notre formation qui doit être de même niveau que celui du pays en question. 

Dans certains pays, la physiothérapie est pratiquée par différents niveaux de professionnel allant jusqu’au docteur en physiothérapie. Dans ce cas, le masseur-kinésithérapeute diplômé d’État français pourra avoir l’équivalence du niveau français, soit un Master of Science (MSc) en physiothérapie. 

Le salaire va-t-il changer en salariat ?

Concernant le grade de master qui est attribué au diplôme d’État, il reconnaît un niveau d’étude dans le système universitaire. Les grilles de salaires ne dépendent pas de ce niveau d’étude mais sont établies grâce au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles). Notre diplôme est déjà au niveau 7 (correspondant au master 2) depuis 2017 ce qui signifie que ce le grade master n’a pas directement un impact sur le salaire. Cependant, il est tout de même possible de négocier un contrat en salariat en mettant en avant les grilles de salaire de la fonction publique et la nouvelle reconnaissance du grade de master. En revanche, aucun de ces arguments n’impose légalement une augmentation du salaire.

 

Y aura-t-il une revalorisation des actes en libéral ?

Comme expliqué pour les salaire en salariat, le grade de master est une reconnaissance uniquement au niveau du système universitaire. Les salaires des libéraux se basent sur la cotation des actes, qui sont régis par l’assurance maladie. Pour qu’une revalorisation des actes soit réalisée, il faut que l’assurance maladie acte cette revalorisation. L’obtention du grade master peut être un argument positif supplémentaire pour demander cette revalorisation.

Aura-t-on l’accès direct ?

Il est important de considérer que nous sommes dans une dynamique d’évolution de la pratique. Nous pouvons le voir avec le Ségur et la revalorisation des salaires de plusieurs professions hospitalières (y compris la nôtre) et bientôt en établissement médico-sociaux ; ou bien la proposition de loi Rist qui vise à mettre en l’accès direct en masso-kinésithérapie mais aussi à élargir le champ des prescriptions des masseurs-kinésithérapeutes (comme les antalgiques, radiographies…). 

 

Quand la kinésithérapie deviendra-t-elle une profession médicale ?

C’est une position sur laquelle la FNEK et les étudiant·e·s en masso-kinésithérapie ont pris position depuis plusieurs années, puisque nous sommes pour que la masso-kinésithérapie devienne une profession médicale à compétences définies. Malheureusement, nous n’avons pas de réponse à cette question, il faudra suivre l’avenir de la profession pour y répondre.

 

Est-ce que cela suffit pour enseigner ?

Le grade master permet aux masseurs-kinésithérapeutes diplômé·e·s d’État d’enseigner dans les instituts de formation. Pour enseigner à l’université, il faudra valider son doctorat et faire une demande pour devenir maître de conférence ou bien professeur d’université.

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